Depuis huit jours, on a plusieurs fois fait référence à Ambroise Croizat. Sur le fond – on l'a compris – , son héritage est réduit en lambeaux ; mais même sur la forme, n'est pas Croizat qui veut ! Ce ministre communiste du travail avait envie de rassembler tout le monde ; souhaitant l'unanimité sur son texte, il voulait réconcilier la France et non la diviser. Dès la première page de son discours du 8 août 1946, Ambroise Croizat s'adresse aux médecins dans ces termes :
« Je m'adresse donc, au-delà de cette Assemblée, aux représentants du corps médical, dont je ne sous-estime pas la haute conscience, qui a toujours tenu une place très importante dans notre pays. Nous respectons d'une façon toute spéciale cette fonction honorable qui ne cesse de rendre de grands services à la population de notre pays.
M'adressant donc au corps médical, je lui demande d'éliminer toute crainte, en vue d'une collaboration loyale et sans réserve avec la sécurité sociale. »
Je vous renvoie au texte fondateur de la sécurité sociale pour souligner que si sur le fond, vous n'êtes évidemment pas au niveau du Conseil national de la Résistance, il vous faut également faire des efforts sur la forme pour vous concilier les médecins, qui ont aussi vocation à être des acteurs à part entière du projet. Vous n'y êtes pas, les interventions de nos collègues l'ont démontré.