Sur la question précise d'appels à projets ne ciblant que le chlordécone, le président de l'ANR vous a donné les chiffres mais comme j'ai tenté de vous l'expliquer, ces projets constituent une partie additionnelle de fonctionnement dans notre système de recherche. Globalement, pour un budget de recherche de l'ordre de 100, 20 % sont mobilisés pour le fonctionnement, contre 80 % d'implication en termes de salaire ou en infrastructures. Il faut donc multiplier par 4 ou 4,5 ce montant en millions d'euros qui correspond uniquement à la fraction d'argent supplémentaire qui vient s'ajouter à tous les travaux menés dans les laboratoires et financés par ailleurs.
L'une des questions majeures est celle de la visibilité, de la multiplication des guichets et des actions en matière de recherche. C'est notre objectif, d'où notre souhait d'un travail conjoint entre le GOSS et le GIA et notre demande d'une inspection générale sur la gouvernance de ces plans de recherche sur des grands défis très complexes. À cette somme d'un peu plus de 4 millions d'euros de l'ANR, il faut ajouter l'ensemble des programmes de l'ANR qui traitaient de la question plus générale des pesticides ou des perturbateurs endocriniens, car toute meilleure compréhension du fonctionnement des perturbateurs endocriniens va apporter des éléments de réponse sur le fonctionnement potentiel du chlordécone, ce qui nous permet également d'avancer. Au total, environ 47 millions d'euros ont été dédiés à ces questions de perturbateurs endocriniens ou d'impact des pesticides sur l'environnement et sur la santé humaine, qu'il faut multiplier par 4 pour avoir une idée du coût complet.
Le problème de visibilité auquel nous faisons face fait que très souvent, il est difficile de répondre lorsqu'on nous demande quelle somme est investie sur cette priorité. Nous sommes capables de dire ce que nous avons mis en plus pour créer un effet de levier mais nous sommes difficilement capables de recenser l'ensemble de la recherche de base qui y contribue. Le colloque qui s'est tenu l'an dernier nous y a aidés, faisant état d'environ 120 publications, ce qui correspond à un niveau de recherche élevé qui montre que d'importants travaux ont été réalisés de ce point de vue.
Je comprends que les projets de certains chercheurs parmi ceux que vous avez auditionnés n'aient pas été retenus. Or, c'est la règle de base d'une recherche de qualité : on ne retient que les meilleurs projets, les plus pertinents. Certains projets posent parfois le même type de questions mais la même question peut être mieux posée par un autre projet. Il n'est pas simplement question de la qualité de la question posée mais de la méthodologie présentée, qui peut être estimée meilleure.
Dans cette question spécifique, c'est au taux de succès que le ministère a veillé. Le nombre de projets sélectionnés par rapport au nombre de projets retenus est très important. En moyenne, le taux de succès est inférieur à 20 %, il est actuellement aux alentours de 18 %. Il a malheureusement été très longtemps entre 10 et 15 %, ce qui signifie probablement que de bons projets ne sont pas financés. La moyenne internationale stipule que le taux de succès doit être de l'ordre de 25 % pour être sûr de financer l'ensemble des bons projets. Sur la question du chlordécone, nous avons financé à hauteur de 28 % des projets. Nous nous sommes placés dans une configuration dans laquelle nous avons essayé de ne laisser de côté aucun projet validé comme parmi les meilleurs en termes de qualité et de méthodologie par un jury international.