La question de la transparence et de l'information est extrêmement importante. C'est pour cela qu'un site spécifique sur lequel figure l'ensemble des rapports a été ouvert, et qu'une communication particulière et des interactions particulières avec les populations ont eu lieu au moment du colloque scientifique de 2018, avec des ateliers, des tables rondes et de la vulgarisation de l'ensemble des connaissances acquises. Il est essentiel de mettre à disposition de tous l'ensemble des rapports qui ont été réalisés, en particulier par l'ensemble des organismes de recherche.
En outre, il est important d'attirer l'attention sur la compréhension de ces rapports. C'est pour cela que je préfère de loin qu'une animation soit réalisée par les scientifiques afin d'expliquer les conclusions et les résultats de ces rapports. C'est trop facile d'extraire une phrase et cela a d'ailleurs très souvent fait beaucoup de mal. Pour reprendre l'exemple du climat, extraire une phrase du rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et faire la démonstration que cette phrase, sortie de son contexte, est discutable, a permis de remettre en cause tout le rapport du GIEC. Nous avons connu cela à plusieurs reprises au cours des dernières décennies.
C'est un vrai sujet : il faut bien comprendre que la connaissance produite est valable à un temps T et ne sera peut-être plus valable demain. Par conséquent, il faut éviter de sortir de son contexte une notion ou une connaissance, car la sortir de son contexte, de l'explication, du moment et de la méthodologie qui a permis d'obtenir ce résultat engendre souvent des extrapolations ou des amalgames qui n'ont strictement plus rien à voir.
Tous les rapports publics rendus par l'INRA, par l'INSERM, etc., sont déjà disponibles ou en train d'être rendus disponibles sur ces sites. L'accompagnement est très important et les colloques tels qu'ils ont lieu l'an dernier permettent de mieux accompagner les populations de ce point de vue.
Éviter de manière définitive que ces drames se reproduisent, bien sûr, on ne peut que souhaiter cela, mais je voudrais attirer votre attention par une forme d'anecdote : une des sources majeures de perturbateurs endocriniens dans l'environnement est la contraception féminine, ce qui est assez surprenant. Il n'en demeure pas moins que c'est une réalité. Il est très difficile d'être capable de prédire tout ce qui peut arriver un jour par anticipation. Ce qui pose problème, c'est lorsqu'on a accumulé des évidences, que d'autres pays se mettent à interdire des produits et que nous ne le faisons pas, c'est ce qui s'est produit dans le cas du chlordécone. C'est un sujet différent sur lequel le Président de la République s'est clairement exprimé par rapport à cette volonté de reconnaître qu'il y avait eu une réaction inappropriée, un « aveuglement collectif » sur ce sujet, pour reprendre ses termes.
Sur les questions de mise en place des meilleures technologies possibles pour faire les dosages les plus fins possibles, je ne voudrais pas m'avancer mais je crois que c'est ce qui est en train de se passer dans les laboratoires de l'Institut Pasteur, qui sont en train d'acquérir tout le matériel nécessaire pour faire des dosages de manière plus fiable et plus rapide, puisqu'il est toujours question de délais dans le dosage et de la fiabilité des dosages. Le travail à mener a été entamé, notamment pour définir les seuils à partir desquels ces dosages doivent impliquer systématiquement des prises en charge des personnes et des traitements ou des surveillances particulières. C'est l'analyse de la littérature scientifique qui va permettre d'établir cela. Sauf erreur de ma part, le sujet est attendu pour 2020 ; l'ANSES est en train de produire de nouvelles normes de dosage du chlordécone, notamment dans le plasma.