Intervention de Mathilde Panot

Réunion du lundi 14 octobre 2019 à 13h30
Commission d'enquête sur l'impact économique, sanitaire et environnemental de l'utilisation du chlordécone et du paraquat comme insecticides agricoles dans les territoires de guadeloupe et de martinique, sur les responsabilités publiques et privées dans la prolongation de leur autorisation et évaluant la nécessité et les modalités d'une indemnisation des préjudices des victimes et de ces territoires

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Madame la ministre, pour être tout à fait honnête, je trouve assez choquant qu'à deux reprises dans vos réponses, vous parliez des fake news. Je pense que vous serez d'accord avec nous : nous parlons du chlordécone, qui a été reconnu comme cancérogène probable dès 1979 par le Centre international de recherche sur le cancer, de populations qui ont été empoisonnées pendant trente ans en ignorant tout ce qui allait leur arriver, avec comme résultat, les Antilles qui détiennent le triste record du plus fort taux de cancer de la prostate au monde. Je pense qu'il est assez malvenu de parler de fake news alors que justement le Président de la République a reconnu qu'il y avait une responsabilité de l'État et qu'on était dans un modèle où on avait privilégié l'économie au détriment de la santé, des populations et de l'avenir des générations futures. Cela m'interpelle, notamment parce que justement, les scientifiques disent parfois des choses qui ne sont pas simplement mal interprétées. C'est vraiment malvenu de parler des fake news de manière aussi forte alors que nous sommes en train de parler de populations qui exigent de savoir. Vous aurez probablement vu les mouvements d'associations et de citoyens qui refusent de payer leurs factures d'eau tant qu'ils ne savent pas ce qui va se passer sur la dépollution des cours d'eau, on parle de poissons contaminés, de tous les aliments contaminés ou presque. On ne peut pas se limiter à dire cela. Hormis l'interdiction par les États-Unis en 1976, des paroles fortes de scientifiques ont fait que, déjà à l'époque, les responsables savaient.

La demande ne porte pas que sur la vérité sur ce qui s'est passé afin que cela ne recommence plus jamais. M. le Président a énormément insisté là-dessus : ce n'est pas qu'une question de confiance de la population, la population estime avoir été trahie, et à raison. La question désormais est celle-ci : quel acte l'État pose-t-il pour rétablir cette confiance ?

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