Intervention de Agnès Buzyn

Réunion du lundi 14 octobre 2019 à 15h00
Commission d'enquête sur l'impact économique, sanitaire et environnemental de l'utilisation du chlordécone et du paraquat comme insecticides agricoles dans les territoires de guadeloupe et de martinique, sur les responsabilités publiques et privées dans la prolongation de leur autorisation et évaluant la nécessité et les modalités d'une indemnisation des préjudices des victimes et de ces territoires

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Je pense qu'il n'y a rien de pire quand on est un citoyen que de savoir qu'on est potentiellement exposé à quelque chose qui a peut-être des conséquences sur sa santé et de ne pas savoir à quelle dose on est exposé, si ce qu'on mange est sain et si on a les moyens de se protéger et de protéger ses enfants. Je pense que ce que vit aujourd'hui la population antillaise est insupportable. Je me mets à leur place. Je pense que je serais terriblement angoissée et inquiète. Qu'est-ce que je donne à mes enfants ? C'est une question horrible.

Ma bataille aujourd'hui est de pouvoir rassurer la population sur le fait qu'il y a des précautions à prendre, et que nous pouvons aujourd'hui nous protéger du chlordécone. Cela passe par une alimentation dépourvue de chlordécone. C'est indispensable, nous y reviendrons. Cela passe par un suivi de recommandations que les agences régionales de santé essayent de faire connaître à la population. Il est aujourd'hui indispensable que chacun de nos concitoyens aux Antilles connaisse les bonnes mesures et les précautions à prendre pour soi-même et pour sa famille. Nous devons construire un plan encore plus ambitieux pour l'avenir. Ce plan chlordécone III, nous voulons le coconstruire avec les habitants. Il n'y a rien de pire qu'un plan venu de Paris. Ce n'est pas à Paris que nous allons trouver les bonnes mesures, parce que nous ne savons pas comment les gens vivent. Il faut s'adapter à la réalité. Nous pouvons toujours recommander de ne pas manger tel produit, mais si c'est le produit majoritaire dans les jardins, ce sera une mauvaise recommandation. Nous devons impérativement faire en sorte que les recommandations que l'on écrit parlent aux gens dans leur vécu et dans leur quotidien. Cette co-construction du plan chlordécone III est pour moi un impératif pour que les gens s'emparent du sujet et puissent enfin vivre en tranquillité. Nous allons l'organiser par des réunions en mairie. Évidemment, nous viendrons avec des propositions, mais c'est aux citoyens de nous dire si cela colle avec leur quotidien, s'ils peuvent les utiliser sur place. Il y aura des réunions de concertation en mairie. Il y aura des réunions organisées par les agences régionales de santé. Il y aura évidemment la mobilisation de toutes les associations des élus locaux, parce qu'ils savent parler aux gens, ils les représentent. Ils sont élus pour cela. Notre idée est vraiment que le prochain plan chlordécone parle au quotidien des gens, pour qu'une bonne fois pour toutes, la population antillaise sache que si elle applique telle ou telle recommandation, si on l'accompagne sur son jardin familial, elle peut manger ce qu'elle a envie de manger, elle peut être rassurée, elle peut nourrir ses enfants sans cette inquiétude permanente avec laquelle elle vit depuis des décennies. Il est impératif que tout le monde comprenne ce qu'il faut faire pour se protéger, et que ces recommandations soient issues du vécu et du terrain de chaque Antillais.

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