Intervention de Serge Letchimy

Réunion du mardi 15 octobre 2019 à 17h45
Commission d'enquête sur l'impact économique, sanitaire et environnemental de l'utilisation du chlordécone et du paraquat comme insecticides agricoles dans les territoires de guadeloupe et de martinique, sur les responsabilités publiques et privées dans la prolongation de leur autorisation et évaluant la nécessité et les modalités d'une indemnisation des préjudices des victimes et de ces territoires

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Letchimy, président :

Elle est d'accord. Excusez-moi de vous contredire, mais ma question était très simple. Si quelqu'un aujourd'hui est satisfait de l'organisation de la recherche sur le chlordécone, levez le doigt. Moi, pas. Tout le monde est d'accord là-dessus. Ce sont des moyens qui sont liés à des initiatives de chercheurs ou de laboratoire en université et des moyens qui sont octroyés après une bataille qui peut durer cinq ans pour obtenir 50 000 euros. Vous-même, vous dites, madame la ministre, que les collectivités ne participent pas au financement. Quand vous dites 30 millions, il y a une partie qui n'est pas dedans. Sommes-nous d'accord ? Parce que pour telle ou telle raison politique, nous ne faisons pas cela.

Êtes-vous d'accord pour flécher et rendre obligatoires les financements ? Parce que les fonds européens n'appartiennent à personne d'autre qu'au peuple, mais c'est une autre bataille. Nous sommes d'accord qu'aujourd'hui, il n'y a pas de cohérence, ni en timing, ni en moyens financiers globaux, ni en transversalité. C'est le constat que les chercheurs ont fait à plusieurs reprises pour dire qu'il faut absolument avoir une priorité stratégique nationale et que le chlordécone, comme pour le numérique et le travail, soit déclaré d'intérêt stratégique. Je pense qu'il faut le faire. Mme Agnès Buzyn est d'accord. Mme Frédérique Vidal est plus réservée. Nous aurons – ce n'est pas moi qui rapporte – des propositions à faire. Parmi les propositions, je suppose que cette demande sera formulée. Vous, ministre, allez-vous donner un avis favorable pour que ce soit considéré comme priorité nationale ?

Êtes-vous d'accord aussi pour flécher les financements pour ceux qui sont irresponsables ? Parce que si vous dites 30 millions, vous savez bien que cela ne suffit pas, puisque si on parle d'indemnisation et de réparations, je ne pense pas que l'on répare grand-chose avec 3 millions par an. Vous avez vous-même dit que vous étiez très contente que les trois ministres se soient retrouvés ensemble pour la première fois pour pouvoir coordonner les actions au Ministère de l'outre-mer. Cela faisait quatre années que le comité ne s'était pas réuni, pour une priorité dite « nationale », quatre ans. En quatre ans, nous n'avons pas une réunion, ni en Guadeloupe ni en Martinique. Comment cela peut-il être une priorité nationale avec ce genre de situation ? Ce n'est pas possible. Puisque nous avons besoin de moyens et de la recherche, de moyens d'indemnisation, de réparation, comment prend-on l'argent ? Il faut les flécher et ne pas laisser la liberté à des gens de dire : « les fonds européens, je ne les mets pas. » De quel droit ? Entre temps, il y a des gens qui meurent. Ce n'est pas la peine de crier là-bas et en même temps de dire que c'est la responsabilité de l'État.

Êtes-vous d'accord pour avoir une cartographie accélérée ? 15 % des sols de la Guadeloupe sont cartographiés et analysés, 15 % au bout de 47 ans. Les Américains l'ont fait en deux ans. Êtes-vous d'accord pour que les tests des sols soient gratuits pour tout le monde ? Êtes-vous d'accord pour que les agriculteurs victimes du chlordécone bénéficient des mêmes niveaux d'aides que ceux qui ont profité du chlordécone et qui aujourd'hui bénéficient de tous les financements majoritaires pour financer l'agriculture ? Je pense aux planteurs de bananes. Comment ceux qui sont victimes peuvent-ils ne pas obtenir autant que ceux qui sont fautifs ? Ne voyez-vous pas qu'il y a une injustice incroyable ?

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