Intervention de Luc Multigner

Réunion du lundi 1er juillet 2019 à 15h30
Commission d'enquête sur l'impact économique, sanitaire et environnemental de l'utilisation du chlordécone et du paraquat comme insecticides agricoles dans les territoires de guadeloupe et de martinique, sur les responsabilités publiques et privées dans la prolongation de leur autorisation et évaluant la nécessité et les modalités d'une indemnisation des préjudices des victimes et de ces territoires

Luc Multigner :

Je n'ai ni les moyens ni la prétention d'évaluer les plans Chlordécone, je puis simplement porter mon regard extérieur – et un peu intérieur – sur un certain nombre d'actions, en particulier sur les aspects relatifs à la santé. J'ai plutôt une appréciation positive globale de ce qui a été fait. Mais cela n'a probablement pas répondu à toutes les questions. Le problème de la pêche, par exemple, n'a été mis en exergue que récemment alors que la contamination de la faune aquatique, qu'elle soit d'eau douce ou d'eau marine, avait déjà été déjà estimée par des travaux de l'Ifremer au début des années 2000…

Rétrospectivement, on peut penser que le braquet n'a pas été développé autant qu'il aurait fallu. Mais il n'est jamais trop tard.

Des éléments m'ont un peu – c'est très subjectif et très personnel – interrogé. J'ai eu le sentiment, il y a quelques années, que pour certains, avec le plan chlordécone 3, on avait clos l'histoire. Or, malheureusement, ce problème mérite une action permanente pendant un certain nombre d'années. Mais il est peut-être humain de se dire qu'on a agi et qu'on peut passer à autre chose.

Je pense aussi à ce qui est arrivé ces deux dernières années, au cours desquelles il y a eu des avis, relatifs notamment aux LMR (limites maximales de résidus), ainsi que des déclarations revenant sur la dangerosité du chlordécone – je ne parle même pas du risque, mais bien de la dangerosité du chlordécone en matière de cancers, etc.

Au cours des quinze dernières années, la population a été informée J'ai moi-même participé à la réalisation de messages audio en Guadeloupe pour le programme JAFA (Jardins Familiaux). J'avais enregistré, à destination de la population, des phrases simples sur les risques connus. Doublé en créole, ce message passait, matin, midi et soir sur toutes les chaînes. À l'époque, personne n'a crié au scandale : les gens comprenaient qu'il y avait un danger, un risque et qu'il était bienvenu de les connaître. Mais lorsqu'on met ensuite tout cela en doute, on crée le désarroi : on ne peut pas changer d'avis toutes les cinq minutes ! Ce sont des événements regrettables, mais extérieurs aux Plans Chlordécone proprement dit. Pour revenir à ces derniers, on peut bien sûr faire mieux, en tout cas leur donner plus d'ampleur.

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