Ce ne sont pas ces usages illicites de chlordécone qui ont créé le problème, il est apparu au cours des vingt années pendant lesquelles nous avons utilisé le chlordécone de manière autorisée, entre 1972 et 1993.
Il y a eu à ce propos des indications, des rumeurs, et beaucoup de gens faisaient courir le bruit qu'il existait des trafics. Je ne sais pas si ces personnes sont allées jusqu'à donner des noms, des lieux ou des dates, s'ils ont été interrogés par la gendarmerie dans le cadre des enquêtes en cours. Pour ma part, je n'ai aucune information autre que des témoignages qui n'étaient pas toujours très clairs. Beaucoup de gens se sont exprimés sur le sujet, de nombreux articles de journaux ont fait état de trafics. En 2002, 9,5 tonnes ont été découvertes en Martinique, dans des conteneurs, sur les sites du GIPAM et de la SICABAM. Une découverte à l'habitation Parnasse s'est révélée fausse, puisque celui qui a fait courir ce bruit a reconnu qu'il s'agissait d'une confusion avec les stocks retrouvés à la SICABAM ou au GIPAM. Les sacs qui ont été trouvés lors de cette découverte, en 2002, étaient en très bon état, presque à l'état neuf.
J'ai eu connaissance d'échanges de messages entre la direction régionale de l'environnement et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DCCRF) faisant état de fraudes et de trafics organisés depuis l'Afrique, par des planteurs ayant des intérêts sur ce continent. Il vous a été dit, lors des auditions menées en Martinique, que des ventes se poursuivaient après 1993 dans un magasin de bricolage qui n'a pas été cité. Selon des informations qui me sont parvenues, ce sont les établissements Joseph Cottrell qui distribuaient le chlordécone à la fin, après que Lagarrigue se soit dessaisi de ce négoce. À l'époque, les établissements Joseph Cottrell étaient dirigés par M. Henri Ernoult.