La source Gradis se situe dans l'habitation Gradis, à Basse-Pointe. On la trouve assez facilement sur une carte.
L'étendue de la contamination est de mieux en mieux connue, je ne peux pas la détailler ici, mais l'un des succès des plans chlordécone est de nous avoir donné une meilleure connaissance des sols contaminés. Nous sommes loin de l'exhaustivité, mais les analyses ont été réalisées en priorité sur les sols à vocation alimentaire, ce qui est logique. Il faut continuer à mener les analyses sur ce type de sols, particulièrement ceux qui produisent des cultures sensibles au chlordécone.
Une autre approche a été suivie avec succès en Guadeloupe : l'intégration que permettent les cours d'eaux et les bassins-versants donne une vision globale de la contamination. J'ai lutté contre une idée du ministère de l'environnement, qu'il a fini par appliquer, consistant à ponctionner une somme importante dans les crédits du PITE pour réaliser des analyses dans les zones périurbaines vouées à une urbanisation future. Cela n'avait aucune justification en termes de production alimentaire, et nous savions que les agriculteurs n'avaient pas d'analyses financées. Ainsi, 2 millions d'euros ont été dépensés sur les fonds du PITE pour réaliser sept cent cinquante analyses en Guadeloupe et autant en Martinique, alors que nous faisons maintenant appel au PITE pour financer les analyses des agriculteurs, car les programmes de développement ruraux ne le permettent plus.
S'agissant de la contamination du milieu marin, un énorme travail a été réalisé depuis 2008. Nous connaissons beaucoup mieux les espèces et les zones contaminées. Nous avons peu d'informations concernant la diffusion du chlordécone par les airs. Les risques sont considérés comme faibles car le produit est peu volatil, et des recherches à ce sujet doivent être bientôt menées. Notre connaissance de la contamination a donc largement progressé.
L'information de la population est un très vaste sujet, et j'ai toujours essayé d'oeuvrer le plus honnêtement possible. Elle se heurte à plusieurs difficultés. La culture de partage des connaissances n'est pas très développée dans certains services de l'État, marqués par une frilosité générale et la peur d'affoler. La population n'est pas considérée comme adulte, alors que c'est son souhait, et cela s'est clairement ressenti lors des forums de préparation du deuxième plan chlordécone, en 2010. J'ai voulu préparer le deuxième plan en concertation, à la différence du premier qui avait été préparé entre techniciens, au sein des ministères. Ce deuxième plan chlordécone a bien été préparé en concertation avec la population, aussi bien en Guadeloupe qu'en Martinique. Ce fut difficile en Guadeloupe, car le mouvement du Liyannaj Kont Pwofitasyon était encore récent, et le préfet était assez prudent. Mais ce fut un grand succès : les associations sont venues, les professionnels, tout le monde a pu donner son avis sur le plan précédent et sur ce qu'il convenait de faire, et ces avis ont pu être partiellement intégrés dans le deuxième plan.
La communication soulève le problème de la compréhension de l'information technique, car c'est un sujet extrêmement complexe, qu'il ne faut pas simplifier abusivement, comme l'administration a souvent tendance à faire. Pour le chlordécone, on ne peut pas traduire la réalité de manière trop simple, il faut trouver les bons moyens et se donner pour ligne directrice une communication honnête. J'ai souvent dû me battre pour faire passer ces messages, pas toujours avec succès.