Nous dressons cependant le constat suivant, qui est important : entre 1990, c'est-à-dire à compter de la décision d'arrêter la vente de curlone, et 2008, dix-huit ans se sont écoulés. Après 2013, aucune disposition – tout le monde cite cet exemple – n'a été prise en vue de rapatrier l'ensemble des stocks de chlordécone encore présents sur le terrain.
Nous cherchons à identifier pour quelles raisons une telle inertie a pu se développer entre 1990 et 2008. Si elles s'avèrent objectives et tenaient au fait que l'État était, comme tout le monde, – puisque l'on avait découvert en 1999 la présence de chlordécone dans l'eau, puis en 2002 dans les aliments – dépassé, nul besoin d'en reparler. On ne peut en effet pas rendre coupables des gens qui, découvrant un tel phénomène, ont eu du mal à l'appréhender. Nous avons parallèlement le sentiment – nourri de preuves – que le commerce, voire la distribution du produit ont perduré après 2013. Nous avons besoin d'étayer ces suspicions afin de déterminer les responsabilités : faut-il mettre en cause la responsabilité pénale des importateurs auteurs de trafics entre magasins ? L'État s'est-il montré à la hauteur du drame que vous avez constaté ? On est en droit d'en douter quand le principal acteur est écarté et n'est pas convié à certaines réunions.