Il est très difficile, madame la rapporteure, de répondre à votre question, même s'il est vrai que les signes traduisant une prise de conscience au plus haut niveau de l'État se sont multipliés : je pense notamment à la visite du Président de la République à Morne-Rouge en 2017.
Je pousse d'ailleurs depuis très longtemps à la reconnaissance de la responsabilité de l'État : j'ai notamment pris la liberté à un certain moment d'affirmer, puisque certains préfets me laissaient m'exprimer sans problème et qu'ils me faisaient confiance, qu'une faute avait été commise. Je l'ai notamment écrit dans la presse, en tant que chargé de mission interministériel.
Disposerais-je dans cette hypothèse d'une plus grande latitude ? Je n'en suis pas sûr, notamment parce que les préfets sont désormais totalement responsables de la gestion étatique du sujet au niveau local. Auparavant, et même si cela ne recouvre peut-être pas un fonctionnement administratif très orthodoxe, je pouvais parfois m'appuyer sur les préfets pour orienter le niveau national, et parfois sur le niveau national pour orienter l'action des préfets dans le sens que j'estimais le plus juste et le plus efficace, globalement, dans l'intérêt des populations. Un tel fonctionnement ne serait plus forcément possible dans le système actuel dans lequel la communication est à mon sens beaucoup plus verrouillée.
J'ai en revanche constaté une évolution très positive dans l'attitude des derniers responsables locaux de l'administration, aussi bien de la part du préfet Franck Robine que de celle de la secrétaire générale de la préfecture de Guadeloupe qui ont adopté une approche du dossier qui, si elle a certes pu être facilitée par la crise liée aux limites maximales de résidus, ou LMR, qu'ils ont subie de plein fouet, n'a rien à voir avec celles de leurs prédécesseurs.