Dans vos travaux, vous évoquez le fait que l'utilisation du chlordécone est liée à l'agriculture intensive aux Antilles et à une forme de « colonialisme ». Vous estimez qu'elle a renforcé la dépendance alimentaire du fait de la baisse de la production d'ignames, de patates douces, etc. Est-ce vraiment lié à la prégnance d'une forme d'économie coloniale ? Ne peut-on plutôt considérer qu'il s'agit d'une des conséquences d'un système productiviste poussé à outrance, dans un contexte de mondialisation développé à son paroxysme lors les Trente Glorieuses ?
La pollution au chlordécone a rendu les populations de Guadeloupe et de Martinique anxieuses. Nous l'avons constaté lors des auditions dans les territoires : les citoyens ont peur, ils ont exprimé leur colère, leur inquiétude, leur exaspération. Ils ont peur de ce qu'ils mangent, de ce qu'ils boivent, de ce qu'ils ont dans le sang. ils trouvent que l'État ne fait pas assez pour lutter contre cette pollution. Pour autant, leur confiance en l'État est brisée car beaucoup estiment qu'il est responsable de cette contamination généralisée. Comment faire pour restaurer le lien de confiance ? Sous quelle forme doit s'exprimer la justice environnementale dont vous parlez dans vos travaux ?