Vos analyses semblent indiquer que l'État aurait fait preuve d'un néocolonialisme de comportement, du fait de la distance, de la lenteur de ses positions, du silence de la justice, saisie depuis longtemps et qui ne se prononce pas, ainsi que de la soumission à la monoculture, qui dicte une organisation dont 750 000 personnes sont aujourd'hui prisonnières.
Quels sont les effets les plus négatifs de ce système dans l'organisation de la société, y compris dans son identité propre ? Je pense surtout à la production endogène.
Un tel drame ne nous rend-il pas plus dépendants des importations car il conduit à recourir aux produits des grandes plantations aujourd'hui exemptes de chlordécone, même si elles sont à l'origine de la pollution ?
Ne risque-t-on pas un bouleversement systémique de la société, une déperdition de confiance, une angoisse renforcée, une attitude délétère envers le foncier, qui pousse les habitants à abandonner leur ancrage ? Aujourd'hui, les Antillais semblent davantage gérer le problème que se projeter dans l'avenir car, pour cela, il faut de l'initiative, du ballant, du jus… incompatibles avec la posture d'attente à laquelle on ramène 750 000 personnes. Les peuples risquent-ils de se déliter ?