Personnellement, je trouve que c'est une bonne idée. Il paraît cependant difficilement compréhensible, alors qu'on sait que plus de 90 % de la population est imprégnée au chlordécone, que ce fonds d'indemnisation soit prévu uniquement pour les ouvriers agricoles. En outre, on ne sait pas ce que sont devenus les ouvriers agricoles qui ont travaillé à épandre de la chlordécone entre 1974 et 1980. On peut retrouver ceux qui occupaient les fonctions supérieures d'encadrement agricole, mais c'est beaucoup plus difficile pour les travailleurs à la journée ou à la semaine.
Ensuite, je crois qu'il ne faut pas confondre l'exigence de justice et le fait d'avoir un fonds d'indemnisation. Ainsi, en Polynésie, même si un fonds d'indemnisation a effectivement été prévu, une demande de justice est aussi en cours. Ce sont deux démarches importantes, mais distinctes.
Par ailleurs, la contamination au chlordécone n'est pas seulement l'intoxication ou l'empoisonnement de l'ensemble de la population de Martinique ; c'est aussi une atteinte faite à la terre des Antilles, ce qu'on appelle aujourd'hui un écocide. Il reste à savoir comment, en Guadeloupe, en Martinique, en France, on va pouvoir rendre compte collectivement de cet écocide sur un plan juridique. Car, aujourd'hui, du fait de cet écocide, sur plusieurs hectares, on ne peut pas sainement cultiver de patates douces, d'ignames ou d'autres aliments qu'on mange traditionnellement.