En tout cas, nous sommes d'accord pour la suspendre jusqu'aux élections municipales, jusqu'à la conclusion de la conférence de financement, jusqu'à ce que vous nous remettiez une étude d'impact qui permette de connaître réellement les effets du projet de loi.
Cet après-midi, nous avons eu un échange concernant l'utilité de notre action au Parlement et le côté absurde, voire le non-sens de ces amendements que l'on enfile en série. Pour moi, ce non-sens répond à un non-sens institutionnel : dans une Ve République qui permet le fait du prince, qui permet au Président de la République d'imposer la retraite par points parce que tel est son bon vouloir et de décider ensuite d'un calendrier qui fasse adopter le projet de loi avant les élections municipales, la concentration des pouvoirs entre les mains de l'exécutif est telle qu'il écrase le législatif. On ne peut répondre à une absurdité que par une autre absurdité. La seule chose que l'on puisse faire, quand le Parlement n'est que la chambre d'enregistrement des désirs du Président de la République, c'est à tout le moins de ralentir cet enregistrement.
Le Président de la République vous a prévenu du fossé qui existait entre le pays légal, ici, et le pays réel, dehors. Le moins que l'on puisse faire, quand bien même ce serait par la pratique – qui peut paraître absconse – consistant à déposer amendement après amendement, c'est de vous alerter sur le fossé entre le pays légal, ici, et le pays réel, dehors, où vous êtes minoritaires et où existe un fort ressentiment contre votre manière de faire.