Intervention de Pierre Dharréville

Séance en hémicycle du mardi 25 février 2020 à 21h30
Système universel de retraite — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Le système par points, c'est l'allongement de la durée de vie travaillée, avec l'instauration d'un âge d'équilibre inégalitaire à 65 ans qui vise uniquement à repousser la date de départ à la retraite des assurés, puisque, avant cet âge, un malus sera appliqué à leur pension. Dans ces conditions, qui pourra effectivement partir à 62 ans ? D'autant plus que cet âge est appelé à reculer avec le temps.

En outre, sous les apparences de l'égalité, l'instauration d'un âge d'équilibre qui s'appliquerait à tous au sein d'une même génération crée de fortes injustices entre les travailleurs d'une même génération, car il permet de raboter les pensions de ceux qui souhaitent partir entre 62 ans et l'âge d'équilibre.

Les perdants de la réforme sont les salariés, souvent modérément qualifiés, ayant commencé à travailler entre 20 et 22 ans : au lieu de pouvoir partir à taux plein à 62, 63 ou 64 ans, ils devront attendre d'avoir 65 ans pour ne pas subir de décote. S'ils partent avant cet âge, ils subiront une décote de 5 % par année d'écart avec l'âge d'équilibre. Par exemple, un salarié né en 1975 qui a commencé à travailler à 20 ans pourra partir à taux plein à 63 ans dans le système actuel. Dans le système projeté, il devra atteindre 65 ans pour toucher une retraite à taux plein, et donc travailler pendant quarante-cinq ans pour une pension sans malus.

À l'inverse, les gagnants seront les salariés, souvent des cadres, ayant commencé à travailler à 23 ans. Dans le système actuel, ils devront cotiser jusqu'à 66 ans ou attendre d'avoir 67 ans, âge du taux plein par défaut, pour profiter d'une retraite à taux plein alors qu'ils pourront en bénéficier dès 65 ans dans le nouveau système – c'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous proposons la suppression de la décote existante. Par exemple, un cadre né en 1975 qui a commencé à travailler à 23 ans pourra partir à taux plein à 66 ans dans le système actuel. Dans le système projeté, il partira à 65 ans. Il devra donc travailler quarante-deux ans pour une pension sans malus, contre quarante-cinq ans pour le cas précédent.

Par cet exemple, nous démontrons l'inégalité qui existe au sein d'une même génération pour la même durée d'activité. On sanctionne l'employé par rapport au cadre. Où est la justice ? Où est la redistribution vers les travailleurs les moins qualifiés ? C'est pour cette raison que nous avons déposé cette série d'amendements.

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