Pour ma première prise de parole de la journée, je voudrais vous faire part de ma conviction profonde, qui est que votre réforme est un big bang qui nous fera radicalement changer de système. Même s'il est imparfait, le système actuel est sûr et prévisible, parce que nos meilleurs salaires, que ce soit sur vingt-cinq ans ou sur six mois, déterminent le montant de notre pension. Nous allons passer de ce système sûr et prévisible à un système anxiogène et imprévisible, parce que les cotisations payées chaque mois n'engageront plus à rien de précis sur ce que l'on percevra au moment de la retraite.
C'est pourquoi la formule, qui a peut-être été séduisante pendant la campagne, selon laquelle 1 euro cotisé donne les mêmes droits ne séduit presque plus personne. Les gens ont bien compris qu'un tel chambardement ferait de nombreux perdants, en premier lieu les fonctionnaires : non seulement les enseignants, qui seront les plus touchés, mais aussi les infirmières, les aides-soignantes. Ceux qui ont eu des carrières difficiles, en raison d'emplois précaires ou de périodes de chômage, seront aussi parmi les perdants.
Le pire est qu'avec cette réforme vous donnez les clefs du camion à Bercy. Avec le système par points, c'est le cheval de Troie que vous introduisez dans notre système solidaire de pensions. Nous n'en voulons pas – d'autant qu'il n'y a aucune urgence à réformer notre système de retraite.
Nous, membres du groupe Socialistes et apparentés, disons oui à la réforme, mais à condition que ce soit une bonne réforme et que nous ayons du temps pour la faire. Il ne faut sûrement pas la mener au pas charge, comme vous le souhaitez. À tout le moins, il aurait fallu attendre le résultat de la convention de financement. Nous n'en sommes plus à trois ou quatre mois près !
Il est vrai qu'il règne ici un désordre total depuis sept jours, mais c'est vous qui l'avez créé. Assumez !