Souffrez, mesdames et messieurs de la majorité, que nous n'ayons pas le même avis que vous au sujet de cette réforme des retraites pour le moins bâclée, malgré les deux ans de concertations censément menées par le haut-commissaire. L'ouvrage a été remis sur le métier : il est revenu au point de départ. On nous a dit qu'il y avait eu beaucoup de concertations ; mais la concertation, ce n'est pas la « réunionnite » qui consiste à recevoir les gens sans entendre ce qu'ils ont à dire.
Le sentiment que nous avons, c'est que vous avez décidé d'instaurer un régime universel ou prétendu tel – puisque certaines catégories mieux placées que les autres pour bloquer le pays ont réussi à y échapper – sans considérer la disparité des situations.
Vous voulez intégrer les indépendants dans ce régime, ce qui les contraindra à payer à la fois les cotisations des salariés et celles des employeurs. Le montant de leurs cotisations doublera, ce qui rendra insupportable leur charge financière tout en fragilisant grandement l'équilibre économique de leur activité.
Je vous sens par ailleurs exaspérés par notre volonté de débattre. Or le rôle du Parlement est justement de parlementer. Mais si vous avez l'impression que la discussion se heurte à des blocages – à de l'obstruction, pour reprendre vos termes – , tournez-vous vers le Gouvernement qui n'a pas été capable de déposer le texte dans les délais qui lui auraient permis de le faire examiner en temps programmé. Si le Gouvernement n'avait pas fait preuve d'un tel amateurisme, vous ne vous seriez pas retrouvés face à ce blocage, que vous avez beau jeu de dénoncer aujourd'hui.