Il ne s'agit pas de pointer du doigt une majorité en particulier. Ce n'est en tout cas pas mon propos. La situation objective, aujourd'hui, est qu'un grand nombre de retraités agricoles sont pauvres : 300 000 d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Le montant moyen de leurs pensions mensuelles s'établit à environ 750 euros ; c'est l'un des plus faibles en France, et il équivaut à la moitié de la moyenne des pensions françaises. Pour les femmes, le montant s'établit même à 580 euros par mois.
C'est cette situation que, collectivement sur les bancs de l'Assemblée, nous refusons. Les responsabilités passées sont bien sûr partagées. Mais dire que rien n'a été fait n'est pas acceptable non plus. Des efforts, certes insuffisants, ont été faits par les gouvernements Jospin et Ayrault – Yves Daniel le sait bien. Une entente entre parlementaires a aussi existé autour de propositions de loi issues de divers groupes, notamment de la Gauche démocrate et républicaine, faisant l'unanimité.
Ce qui pose problème aujourd'hui, c'est le revirement intervenu après qu'un engagement avait été pris au sommet de l'État. Au-delà de cette question, ce qui est choquant concernant la réforme des retraites, c'est que vous soyez capables d'attribuer un cadeau de 3,7 milliards d'euros au travers de la baisse des cotisations sur les plus hauts revenus, mais que vous ne soyez pas capables d'accorder 400 millions d'euros aux retraités agricoles actuels. C'est cela qui, selon moi, pose problème ! Bien sûr, vous allez éluder la question en confiant des missions à des parlementaires. Mais sommes-nous capables au moins de considérer tous ensemble qu'il est inacceptable qu'il y ait autant de retraités pauvres dans le milieu agricole ? Pour ma part je le crois. Il faut que nous puissions intégrer à la réforme les agriculteurs aux carrières hachées, ainsi que leurs conjoints et tous ceux qui doivent être concernés par cette mesure. Essayons d'avancer et faisons de cet objectif une réalité, et non un revirement.