Certaines forces politiques et sociales essaient, ce n'est pas nouveau, de diviser les travailleurs et les travailleuses en expliquant que les agents du public seraient privilégiés par rapport à ceux du privé. Les agents de la fonction publique exercent, on le sait, une responsabilité singulière dans la République, d'où certaines spécificités et sujétions. Pour notre part, nous refusons ces tentatives de division, qui n'ont aucun fondement, si ce n'est la volonté de continuer à organiser la régression sociale. Nous avons vu les régimes dégringoler les uns après les autres, comme dans un escalier.
Il y a, dans le privé, une dureté particulière des relations sociales – même si elle n'est pas uniforme et qu'elle ne se retrouve pas partout. Cette dureté existe aussi dans le secteur public, sous des formes différentes, et elle s'est même aggravée au cours des dernières années. La quête de compétitivité pèse sur les corps et les esprits, sur les femmes et les hommes qui travaillent. Tout cela, nous le savons.
Les statuts et les parcours ont connu des évolutions. Il y a des passerelles, et les carrières hybrides existent déjà. Vous avez encouragé ce mouvement par des réformes dont il nous a paru nécessaire de questionner le sens.
En somme, nous assistons à une dégradation du travail dans la société, à laquelle vous voulez faire correspondre une dégradation de la retraite. Telle est, de mon point de vue, la vérité sur votre projet.
Je tiens à vous rappeler une phrase qui figure à la page 149 de l'étude d'impact : « les taux de remplacement, soit la différence entre le dernier revenu d'activité et la retraite, des agents publics sont équivalents à ceux des salariés malgré ces règles différentes ». Certains ont essayé de passer un peu rapidement sur cette réalité. En appliquant les règles de façon uniforme, vous allez mettre en péril l'équité qui existe actuellement en matière de taux de remplacement.