Intervention de Adrien Quatennens

Séance en hémicycle du vendredi 28 février 2020 à 9h00
Système universel de retraite — Article 6

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Je voudrais tout d'abord saluer l'appétit de notre collègue Petit pour une question qui me semble essentielle : la part consacrée aux retraites dans la richesse produite. Nous arrivons là au coeur du débat. Comme vient de le relever mon collègue Dharréville, vous avez dit que la référence au taux de remplacement devait disparaître du texte car, en quelque sorte, elle n'a plus d'intérêt. Vous assumez d'ailleurs l'absence d'engagement à ce sujet. On comprend bien pourquoi, cher collègue. À travers l'outil technique du taux de remplacement, on s'engage sur un niveau de pension. Or vous ne pouvez pas le faire car, précisément, votre texte fait du niveau de pension des Français la variable d'ajustement de l'équilibre financier.

Je reviens au débat que nous avons eu sur le PIB et qui vous a particulièrement intéressé. Malgré toutes les réformes des retraites qui ont déjà fortement dégradé le niveau de pension des Français – en raison, entre autres, de la modification du mode d'indexation ou de la durée de cotisation – , on a jusqu'à présent, à mesure que le nombre de seniors augmentait dans la population française, toujours augmenté la part de la richesse nationale consacrée aux retraites, ce qui nous a permis de connaître, en France, un taux de pauvreté des seniors bien inférieur à celui observé chez nos voisins européens – même s'il existe chez nous des situations de forte précarité.

Votre objectif, avec ce texte, est de faire de la part actuelle dans le PIB des dépenses consacrées aux retraites – 14 % – un plafond à ne pas dépasser ; cette part va même diminuer – nos collègues l'ont dit et le Conseil d'État l'a vérifié – , alors même que les projections démographiques montrent que la proportion des seniors dans la population va poursuivre sa tendance à la hausse. Si vous voulez garantir un niveau de pension correct aux gens, vous n'avez qu'une solution : renoncer à cet objectif et admettre qu'il faut, comme on l'a toujours fait, consacrer aux retraites une part importante de la richesse nationale. Dans le cas contraire, vous ne pouvez agir que sur une seule variable, le niveau des pensions. Et comme vous n'assumez pas le fait de dire aux gens qu'ils toucheront une pension plus faible, vous leur annoncez qu'ils vont devoir travailler plus longtemps – ce qui revient au même. Le résultat, pour les Français, c'est qu'avec votre système, pour toucher le même niveau de pension, ils devront travailler plus longtemps – et toujours plus longtemps à mesure que l'espérance de vie augmentera. C'est quasi mécanique.

En somme, vous entendez réaliser en une seule fois, par ce qui s'apparente à une mesure d'âge, la quinzaine ou la vingtaine de réformes que nos collègues de droite auraient peut-être voulu engager.

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