Comme les maires, auprès de qui l'État s'était engagé à compenser les effets de la réforme de la taxe professionnelle, les enseignants, dont vous vous engagez aujourd'hui à augmenter la rémunération, savent bien qu'en l'absence de dispositif pérenne, la compensation de ce qui leur est retiré n'est pas garantie.
Nous n'acceptons pas la logique de compensation que vous établissez pour les fonctionnaires et en particulier pour les professeurs, qui seront les très grands perdants de cette réforme. La compensation est une pression, à l'image de celle que vous instaurez avec l'âge d'équilibre, qui pourra être reporté toujours un peu plus loin ; on pourra menacer les travailleurs de nouvelles ponctions s'ils n'acceptent pas de travailler plus longtemps.
Les engagements que vous avez pris vis-à-vis des enseignants ne correspondent même pas à une logique de rattrapage ; ils ont perdu entre 20 % et 30 % de pouvoir d'achat au cours des vingt à trente dernières années. Vous leur promettez 50 à 90 euros net par mois – et encore, pas pour toutes et tous – et vous leur demandez des contreparties. Les primes feront partie du calcul du montant de la retraite, mais elles ne représentent que 12 % en moyenne du salaire des professeurs, contre 53 % pour les lieutenants de gendarmerie. De plus, les femmes seront pénalisées, parce qu'elles ont moins de primes et effectuent moins d'heures supplémentaires. Sans compter que vous proposez aux enseignants d'encadrer le service national universel – SNU – pendant des périodes d'enseignement ; il faudra donc leur trouver des remplaçants à la fin du mois de juin. Tout cela n'est pas sérieux et ne correspond pas à une logique de rattrapage ou de compensation ; ce n'est pas juste pour ces fonctionnaires qui font cinq ans d'études et dont les conditions de travail sont aujourd'hui très dégradées.