Certains de nos collègues ne cessent d'invoquer Ambroise Croizat. On oublie un peu vite un homme, celui qu'on a appelé le père de la sécurité sociale – et rares sont les réformes essentielles dans la vie d'une nation qui doivent à la vision et à la constance d'un seul homme. Cet homme, c'est Pierre Laroque : il a inspiré la réforme, avec Alexandre Parodi, et a été le directeur de la sécurité sociale jusqu'en 1951. C'est donc également à lui que nous devons souvent rendre hommage.
Ambroise Croizat, lui, fut ministre de 1945 à 1947. Il a donc participé lui aussi à l'aventure. Rappelons-nous son discours du 8 août 1946 devant l'Assemblée nationale constituante : « La sécurité sociale est une. Cette unité s'affirme d'abord sur le plan financier, car il s'agit d'aménager une redistribution partielle du revenu national. [… ] Cette unité ne s'affirme pas moins, contrairement à ce qu'on a dit trop souvent, sur le plan technique. [… ] Enfin, et peut-être surtout, l'unité de la sécurité sociale s'affirme sur le plan social. » Cet impératif conduit Ambroise Croizat à conclure : « Ce résultat ne peut être atteint par une multiplicité d'institutions entre lesquelles il serait impossible d'assurer une coordination suffisante. [… ] L'unité de la sécurité sociale est la condition nécessaire de son efficacité. »
Unité, donc, technique et sociale, justice et équité ; voilà un des objectifs majeurs de Laroque, de Croizat : l'harmonisation des règles et des acteurs du système de sécurité sociale. C'est bien cette unité-là qui nous amène, nous, à construire un système universel de retraite. Ce pacte social que nous voulons refonder, c'est le rêve de Laroque, c'est le rêve de Croizat qui devient une réalité.