C'est une différence de conception très marquée qui nous oppose ici sur la pénibilité et sur le rôle de la loi. Pour nous, la loi doit protéger l'ensemble des salariés, alors que, depuis le début du quinquennat, vous vous livrez à la casse du droit du travail, instaurant de fait un code du travail entreprise par entreprise et supprimant quatre critères de pénibilité. Dans votre système, c'est l'employeur qui décidera des critères de pénibilité, alors qu'ils doivent être définis métier par métier.
J'en reviens à la RATP. Les agents qui y travaillent ont des problèmes de santé notamment liés au fait qu'ils respirent des particules fines. On relève d'ailleurs une surmortalité des agents de manoeuvre de 21 % – notamment due au cancer et à des maladies cardiovasculaires – par rapport à la population d'Île-de-France, une surmortalité de 31 % pour les agents de station, un taux qui passe à 33 % quand ils ont une ancienneté de vingt à trente ans. Quant aux poseurs, régleurs et soudeurs, le taux atteint 38 % – une surmortalité due pour 60 % à des cancers.
Telle est, aujourd'hui, la réalité du travail à la RATP. La pénibilité est bien réelle et nous, nous ne voulons pas l'individualiser : nous considérons que la loi doit comporter des critères collectifs qui protègent l'ensemble des agents.
La question a été posée tout à l'heure : comment augmenter les salaires ? On peut le faire assez simplement. Dans notre pays, nous avons ce que l'on appelle le SMIC. Je ne crois pas que nous pouvons nous satisfaire de constater qu'entre 1980 et aujourd'hui, le nombre moyen de jours pendant lesquels un salarié travaille gratuitement pour les actionnaires est passé de neuf à quarante-cinq. Il y a eu un déplacement proprement indécent de la richesse créée, des salariés vers les actionnaires. C'est pourquoi il faut augmenter les salaires. Cela permettra de faire rentrer davantage de cotisations en faveur des caisses de retraite.