Avant de soutenir mon amendement, je tiens à vous dire, monsieur Fuchs, que je suis aussi sensible que vous au parcours du porteur de presse qui prend sa retraite avec une pension de 90 euros. Il n'y a pas de monopole du centre, de la droite ou de la gauche sur de tels sujets. Nous sommes réunis pour examiner et traiter ces situations ensemble.
J'en viens à notre amendement. Je ne défends pas plus les clercs de notaire que les danseurs de l'Opéra, les gaziers ou quiconque ; je conteste le principe d'une absence de méthode. Ni moi-même ni le groupe socialiste que je représente ne défendons les privilèges d'aucune corporation ; cependant, nous regrettons qu'il n'y ait pas eu de véritable remise à plat. Parce que, après les deux ans et demi durant lesquelles elle a exercé le pouvoir, un discrédit profond frappe la majorité, parce que l'on peut douter du bien-fondé de l'abandon de tous les régimes particuliers – certains se justifient à partir d'éléments parfaitement établis, d'autres s'apparentent à des privilèges qu'il faudrait remettre en cause, parce qu'il n'y a eu ni authentique concertation ni véritable étude d'impact – celle dont nous disposons est lacunaire et a été dénoncée comme telle – , il nous est aujourd'hui impossible de distinguer entre ce qui est dû et ce qui ne l'est pas.
Si nous sommes méfiants à l'égard de ce qui, selon vous, procède de la justice sociale, c'est que vous avez déjà abandonné des pans entiers du droit du travail, et qu'en matière de justice fiscale vous avez donné de telles leçons d'iniquité que nous ne pouvons pas adopter une autre attitude. Citer Pierre Laroque et la nécessité de l'unité financière n'y suffira pas !
Au sein du groupe Socialistes et apparentés, il y avait des forces prêtes à converger sur la construction d'un nouveau système de retraite universel avec une comptabilité qui aurait pu être rénovée. Une profonde méfiance est née de vos pratiques en matière de fiscalité et de droit du travail. Elle se traduit par un amendement qui vous demande de renoncer à faire disparaître le régime des clercs de notaire.
Abandonner les régimes spéciaux sans disposer d'une grille claire relative à la pénibilité qui permette d'encadrer et de compenser à partir d'une nouvelle donne plus universelle les différences d'espérance de vie, en tenant compte du droit à vivre une retraite digne en bonne santé, c'est un leurre. C'est le sens d'un amendement d'appel à caractère universel et non corporatiste.