Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du vendredi 28 février 2020 à 15h00
Système universel de retraite — Article 7

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Nous en arrivons à la question des danseurs et danseuses de l'Opéra national de Paris. Leur régime a été instauré en 1698 par Louis XIV : il date d'il y a fort longtemps. Ces danseurs viennent de mener la grève la plus longue de l'histoire de l'Opéra, en utilisant une méthode particulièrement intéressante : estimant que la réforme des retraites mettait en danger la culture, qu'ils considèrent comme un bien commun, ils ont choisi de rendre gratuites leurs représentations. Ces représentations publiques, à travers lesquelles ils ont défendu l'accès à la culture pour toutes et tous, sont l'une des plus belles images du mouvement social que nous vivons.

Reconnaissez que les danseurs et danseuses de l'Opéra de Paris ne se mettent pas facilement en grève, notamment parce qu'ils exercent leur métier, souvent commencé fort jeune, par passion. S'ils défendent leur système de retraite, c'est en particulier parce que leur corps est leur outil de travail et que le risque de blessure est extrêmement élevé. Il faut également être conscient qu'ils peuvent difficilement danser après 42 ans, âge actuel de leur départ à la retraite.

Pour que la grève cesse, le Gouvernement a proposé d'appliquer la clause du grand-père et que seuls les danseurs et danseuses recrutés après 2022 intègrent le régime universel. Mais ils vous ont fait cette bien belle réponse : « Nous ne sommes qu'un petit maillon dans une chaîne vieille de 350 ans. Cette chaîne doit se prolonger loin dans le futur : nous ne pouvons pas être la génération qui aura sacrifié les suivantes. »

Pour refuser de maintenir leur régime, vous comparez souvent les conditions de départ en retraite des artistes de l'Opéra de Paris avec ceux de l'Opéra de Lyon. Soit, mais dans ce cas, plutôt que de tout tirer vers le bas, appliquez les conditions de l'Opéra de Paris à l'Opéra de Lyon : si le système est bon pour les premiers, il doit être bon pour les seconds ! Nous soutenons les danseurs et danseuses de l'Opéra national de Paris dans le mouvement historique qu'ils sont en train de mener.

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