Le système par points, en soi, est l'une des nombreuses modalités possible de calcul, et je n'y suis pas du tout opposé. L'AGIRC-ARRCO – Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés et Association générale des institutions de retraite des cadres – fonctionne d'ailleurs déjà ainsi. Les questions importantes concernent en réalité la définition du point : quelle sera sa valeur ? comment évoluera-t-il ? comment et quand est-il distribué ? La première des questions touche donc à la gestion de ces paramètres.
S'y ajoutent beaucoup d'autres questions, car la façon dont vous envisagez de traiter les paramètres relatifs au point ne me semble pas donner beaucoup de visibilité, de lisibilité et de simplicité au système. Ce sont pourtant vos objectifs ! Il existera deux valeurs de point, deux périodes de décisions – l'une avant 2045, l'autre après – , deux méthodes de détermination – impliquant, selon les cas, l'intervention ou non de la caisse et l'intervention du Gouvernement.
Comme je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, le taux de rendement de l'AGIRC-ARRCO a diminué entre 2015 et 2018, tombant de 6,6 à 6 %. Cela montre bien que le point est en réalité une variable de rentabilité entraînant une variation du niveau de pension. Toutes les garanties qui pourraient être données sur ce sujet seront donc extrêmement importantes, même si personne n'y croit.
Jean Pisani-Ferry – économiste sérieux, qui a d'ailleurs largement inspiré le Gouvernement – a écrit récemment qu'un système de retraite par points étant compliqué et anxiogène, il est important d'en sécuriser les paramètres. Il a raison, surtout compte tenu de l'instabilité de l'univers contemporain. Or vous voyez bien que vous ne sécurisez pas suffisamment ces paramètres. En les faisant déterminer beaucoup d'éléments différents, vous maintenez leur caractère anxiogène. La décorrélation des valeurs d'acquisition et de service du point, qui peuvent évoluer différemment, représente un réel danger. Ce n'est qu'en 2045 que ces valeurs seraient presque corrélées : vingt-cinq ans, c'est un horizon beaucoup trop lointain.