Vous créez un régime universel de retraite, mais pourvu de sous-régimes : c'est un problème. Je ne pense pas qu'on puisse construire tout un système en fonction des carrières hachées ou heurtées. On peut rendre le système plus juste les concernant, certes, mais elles ne sont pas seulement subies par des personnes qui vivent des situations sociales très compliquées : elles concernent aussi des personnes qui ont décidé d'arrêter de travailler – même si on ne doit pas oublier que de nombreuses femmes sont touchées par ce phénomène.
Ces personnes n'ont pas validé suffisamment de trimestres ; il ne s'agit pas seulement d'interruptions pour maternité ou à cause d'une période de chômage – même si les règles ne sont pas les mêmes dans tous les régimes. Pour que des trimestres manquent, il faut avoir vraiment arrêté sa carrière. Il est dès lors assez naturel que le montant de la pension le reflète. De nombreuses dispositions de justice ont pu compléter ces pensions, mais il est assez logique qu'existe une différence entre ceux qui ont validé tous les trimestres nécessaires pour toucher une pension à taux plein et les autres.
Je suis par ailleurs quelque peu étonné que nous soyons le seul pays au monde qui réforme son système dans le sens d'un abaissement de l'âge de départ à la retraite : vous évoquez 64 ans mais ce sera bientôt 67 ans, monsieur le secrétaire d'État.
Voilà une drôle de manière de faire. Vous pouviez sans doute injecter un peu plus de justice sociale, et il fallait poursuivre en ce sens, mais établir tout un système dans le seul but de traiter la question des carrières heurtées ou hachées, non !