Vouloir réformer en quinze jours la retraite de tous les Français, qu'ils soient cheminots, avocats, professeurs, infirmiers, pompiers, agriculteurs, relève, au mieux, d'un amateurisme coupable, au pire, d'une volonté d'abîmer durablement notre modèle social.
Non seulement vous avez mis fin au débat mais, pendant les treize jours de séance, vous l'avez esquivé en ne répondant à aucune des interrogations légitimes que soulève une réforme d'une telle ampleur.
Ainsi, comment pouvez-vous parler de justice sociale quand pour la première fois dans l'histoire de notre système de retraite, le malus, qui s'applique lorsqu'on ne réunit pas toutes les conditions pour obtenir sa retraite à taux plein, sera calculé uniquement en fonction de l'âge de départ à la retraite et non de la durée de cotisation ?
Prenons le cas d'un ouvrier : il commence à travailler à 20 ans, cotise pendant quarante-trois ans, soit la durée actuelle de cotisation exigée, et part à la retraite à 63 ans ; puisque l'âge d'équilibre est fixé à 65 ans, il subira un malus de 10 %, et ce, pendant toute la durée de sa retraite, pas uniquement lors de sa liquidation.