L'article 1er est le plus important de la loi organique : il grave dans le marbre la fameuse « règle d'or », c'est-à-dire, comme Mme Cendra Motin l'a expliqué, le respect de l'équilibre financier, tel que vous l'entendez. Vos politiques publiques et l'ensemble du projet de loi ordinaire montrent qu'il se traduit par une austérité budgétaire. En effet, vous n'imaginez pas l'équilibre autrement que par la contraction de la dépense publique : vous n'imaginez pas que l'on puisse accroître les recettes pour augmenter la part redistribuée et mise au pot commun. C'est la logique du fameux 3 % venu de Bruxelles, écrit sur un coin de table par les technocrates, et que vous appliquez à l'ensemble de vos politiques publiques.
En outre, l'objectif financier global comprend l'abaissement du taux du produit intérieur brut consacré au versement des retraites : il devrait être ramené à 12,9 % d'ici à 2050. C'est ce qui est écrit dans votre fameuse étude d'impact, sur laquelle vous ne souhaitez pas revenir, puisque l'opposition, en l'occurrence le groupe Socialistes et apparentés, ne peut même pas obtenir une commission d'enquête pour la vérifier. Vous avez l'air d'y tenir fortement, or il y est écrit noir sur blanc que nous allons vers une contraction de la part des richesses consacrée aux retraites.
Si on récapitule, vous organisez soit le rehaussement de l'âge de départ à la retraite, soit la baisse des pensions, soit, hypothèse plus probable, carrément les deux, pour instaurer votre système. Il impose un solde cumulé positif ou nul de l'ensemble des régimes constituant le système universel de retraite, avec un délai très contraint : la trajectoire pluriannuelle de financement des retraites ne nous donnera même pas le temps, en effet, d'encaisser l'impact potentiel d'une crise financière, ce qui est quand même assez grave, puisqu'il faudra réagir immédiatement. Si vous êtes aux manettes, il est clair que vous réagirez en obligeant les Français à travailler plus longtemps, ou que vous diminuerez le montant des retraites. Telle est votre règle d'or : c'est une règle de grande régression.