Avec le président des riches, d'un côté, on câline la finance – et, chez ces gens-là, on ne compte pas, monsieur, comme dit la chanson, et d'ailleurs, on ne vit pas non plus – , de l'autre, pour tout le reste de la population, on interdit les déficits sociaux. Votre projet de réforme universelle, sans démonstration ni étude d'impact, doit être à l'équilibre. Autrement dit, dans le nouveau système, les paramètres s'ajusteront au fil de l'eau. On s'assurera ainsi que sa pérennité ne sera pas menacée par un accident.
Quel accident ? L'arrivée massive de nouveaux retraités, comme si celle-ci n'était pas prévisible, la récession ou encore l'allongement de l'espérance de vie, comme si ce dernier constituait un accident. Parce que vous refusez de toucher au grisbi, c'est-à-dire au taux de cotisation et à l'assiette, l'adaptation se fera via le nouvel âge de départ à taux plein. Plus l'espérance de vie progressera, plus cet âge de départ sera décalé et, la décote appliquée étant très dissuasive, il faudra, comme le suggère François Morel, mourir tôt pour profiter pleinement de sa retraite.
L'article 1er, qui vise à graver dans le marbre de la loi la règle d'or, sans en définir les modalités ni en expertiser la mise en oeuvre, instaurera une régression perpétuelle : le montant des pensions deviendra une variable d'ajustement, sans qu'il soit nécessaire de revenir devant le Parlement pour en discuter lors d'un débat qui, en fonction du gouvernement, pourrait être plus ou moins démocratique.