Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mercredi 4 mars 2020 à 15h00
Système universel de retraite — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Avec l'article 1er, votre gouvernement propose que les parlementaires votent pour « organiser le pilotage financier du système universel de retraite ». Comment pourrait-on voter pour un tel dispositif, alors même que, comme nous le répétons depuis quinze jours, le Conseil d'État indique dans son avis que les projections financières transmises par le Gouvernement dans l'étude d'impact « restent lacunaires », et que « dans certains cas cette étude reste en deçà de ce qu'elle devrait être ».

Comment les parlementaires pourraient-ils voter cet article, alors que la conférence de financement n'a toujours pas donné ses conclusions, qu'elle n'en prend visiblement pas le chemin et que les parlementaires comme les Français sont dans le flou le plus complet ? Comment le Gouvernement peut-il demander aux parlementaires l'instauration d'un tel dispositif alors que vous venez de faire passer en force le projet de loi instituant un système universel de retraite, que l'opposition toute entière a rejeté ?

Si l'on peut certes saluer, dans cet article, le fait que le Gouvernement prévoie enfin d'associer le Parlement au système universel de retraite, le moins que l'on puisse dire est que vous ne ferez appel aux parlementaires que pour le strict minimum : seulement tous les cinq ans, et dans le cadre de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, pour décider d'une trajectoire pluriannuelle.

En dehors de cette sollicitation, à aucun moment le Parlement n'interviendra dans le système universel des retraites. On nous assure que des contre-pouvoirs sont prévus au sein du système – un conseil d'administration de la CNRU, un conseil d'orientation des retraites, un comité d'expertise indépendant – , le tout placé sous la tutelle de l'État ; mais qu'en sera-t-il du Parlement, organe le plus démocratique, qui représente les Français, ou, du moins, est censé le faire quand vous lui en laissez l'occasion ?

C'est le constat qui motive mon amendement de suppression : cette façon de faire revient à se moquer des parlementaires et, par conséquent, des Français.

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