Il est incontestable qu'un régime des retraites doit être financièrement équilibré : c'est un bon principe de base. Mais si, d'un côté, on souhaite appliquer une règle d'or, c'est-à-dire soumettre les dépenses à un plafond, de l'autre on veut indexer les pensions sur un indice, ce qui constitue un mécanisme relativement automatique. Par ailleurs, les partenaires sociaux, que l'on n'a pas voulu exclure, bénéficieront d'une certaine liberté, ce qui induit une négociation, donc une marge de manoeuvre. Enfin, le Parlement se prononcera également, ce qui suppose la formulation d'une appréciation politique. Je me demande si l'une des quatre composantes de la formule magique ne va pas cannibaliser les autres.
Je crains en effet que votre système ne s'avère un peu rigide. Déjà, sur la taxe carbone, la rigueur des trajectoires que vous aviez prévues s'est heurtée au réel, et la colère populaire vous a conduits à une nouvelle perception politique. De même, l'existence d'une belle règle d'or et d'une belle formule mathématique d'indexation n'empêche pas de vouloir y déroger sur le fondement d'une appréciation politique ou du bon sens.
Le pilotage du système de retraite ne saurait se réduire à l'encadrement des dépenses entre un plancher et un plafond, à l'image du serpent monétaire. Quelle place sera-t-elle laissée à l'appréciation politique et aux partenaires sociaux pour faire vivre le système et responsabiliser ceux qui le piloteront ?