J'ai quelques réticences sur l'idée même de règle d'or – pas sur le principe, qui est vertueux, mais sur son application en France. Nous consacrons énormément d'énergie à voter l'équilibre des finances publiques pour le futur ; en revanche, quand il s'agit de régler les problèmes de déficit de l'année en cours, il y a beaucoup moins de candidats. Et on constate des déficits abyssaux.
Souvent, on adopte aussi un ton très martial sur les règles d'or : on verra ce qu'on verra. Eh bien, oui, on voit : on voit que ça ne marche pas, ou que ça marche mal. On voit que 80 % du déficit de la zone euro est français. On voit que nous n'avons aucune marge de manoeuvre budgétaire pour affronter des crises à venir. Les règles d'or sont des alibis : elles exonèrent leurs défenseurs de traiter les vrais problèmes.
S'agissant de la période de calcul de l'équilibre, cinq années me paraissent préférables ; dix ans, cela ne voudrait plus dire grand-chose. Mais j'aimerais que l'on consacre la même énergie à parler du financement de la sécurité sociale et de l'assurance vieillesse pour maintenant que nous en dépensons à parler du long terme. Ce serait nouveau, et bien plus intéressant.