La démocratie sociale est l'autre victime de cette réforme. La gouvernance du nouveau régime de retraite, prévue dans ce projet de loi, remet en effet en question le rôle des partenaires sociaux, essentiellement réduits à une fonction de conseil et d'appui technique. Le but poursuivi est clair : donner la main à l'État sur tous les paramètres financiers du système afin de réduire le montant des pensions et la part des richesses consacrée par la puissance publique à notre système.
Les organisations syndicales ont bien compris que, derrière les beaux mots d'universalité et d'égalité, se cache en réalité la volonté de procéder à une réforme budgétaire, à un ajustement permanent, et d'inciter les Français à travailler plus longtemps s'ils ne veulent pas se retrouver au chômage.
Cet article s'inscrit dans une logique que nous dénonçons puisqu'il prévoit d'étendre dès 2022 le champ de la loi de financement de la sécurité sociale aux régimes complémentaires obligatoires. Dans la continuité de l'instauration de l'examen de ce texte, en 1996, il renforce la logique de pilotage financier des dépenses sociales, placées entre les mains du Parlement et du Gouvernement, au détriment des organisations syndicales.
Nous savons aujourd'hui que ce changement politique s'est traduit, dans les actes, par la conduite de politiques budgétaires particulièrement drastiques.
Les régimes complémentaires, aujourd'hui gérés de manière paritaire, sont intégrés au nouveau système, ce qui aggravera la dilution des dépenses sociales.
En excluant le paritarisme, vous programmez la fiscalisation de la protection sociale et sa dénaturation par l'assurance collective. Nous proposons plutôt une réappropriation sociale de la sécurité sociale, mais il faudrait prendre des mesures bien différentes de celles que vous proposez.