Déposer des amendements sur les premiers alinéas est un moyen d'avoir davantage de débats sur l'ensemble de l'article 2, car si on ne dépose d'amendements que sur des alinéas spécifiques, chaque orateur ne dispose que de deux minutes pour s'exprimer avant qu'on ne ferme le ban. Comprenons-nous donc bien : nous procédons alinéa par alinéa pour avoir un débat qui permette d'avancer différents arguments. À cet égard, je remercie notamment les députés Frédéric Petit et Jacques Maire, intervenus pour alimenter le débat et défendre leur position.
Nous sommes favorables à ce que l'État joue son rôle, mais celui-ci ne peut consister à chapeauter les régimes pour limiter les dépenses, et donc enfreindre la logique même de la sécurité sociale. Ce qui nous pose problème est précisément que l'objectif de mainmise sur les régimes complémentaires, comme d'ailleurs sur l'ensemble des régimes, vise à les mettre au pas en les soumettant à la règle d'or, à l'austérité budgétaire et donc, finalement, à réduire le montant des pensions. Nous sommes opposés à cet objectif.
Je rappelle qu'Ambroise Croizat, dont vous vous réappropriez les propos d'une façon orwellienne, expliquait que la sécurité sociale avait pour objectif de mettre définitivement l'homme à l'abri des besoins, pour en finir avec la souffrance et les angoisses du lendemain, en ajoutant – et il avait raison – que c'était la seule création de richesse sans capital, la seule qui n'aille pas dans la poche des actionnaires, mais qui soit directement investie dans le bien-être de nos concitoyens. Là est la logique de la sécurité sociale que vous allez faire passer – et hop ! – à la moulinette de l'austérité budgétaire.