Je voudrais revenir à l'essentiel. Imaginons, l'espace d'un instant, qu'une partie de l'oligarchie de ce pays souhaite instaurer un système par capitalisation, ou en tout cas faire progresser celle-ci. Actuellement, nous bénéficions d'un système par répartition fondé sur des trimestres, des années de cotisation, un taux de remplacement et autres. Entre ce système et un système par capitalisation, garanti par l'État, il y a un fossé. D'ailleurs, les produits de retraite par capitalisation n'ont pas beaucoup de succès auprès des Françaises et des Français, qui – bien des études d'opinion l'ont montré – restent attachés au système par répartition, auquel ils font davantage confiance.
Si j'étais à votre place donc, si je voulais à terme installer un système de retraite fondé entièrement sur la capitalisation, je devrais passer par un point d'étape où je rendrais le fonctionnement du système actuel compatible avec la logique de la capitalisation.
Le système que vous proposez est bien sûr un système par répartition, puisque ce sont les actifs qui paieront pour les retraités contemporains ; je n'en disconviens pas. Néanmoins, la logique de la retraite par points est un premier pas en direction de la capitalisation. D'ailleurs, lorsque nous avons défendu certains régimes complémentaires, vous nous avez reproché notre inconséquence, pointant qu'il s'agissait là quasiment de régimes par capitalisation, fonctionnant avec des points.
Nous avons bien compris que votre objectif politique est de modifier le système par répartition de sorte qu'une décision simple et technique puisse le faire basculer dans la capitalisation sans créer un trop gros changement perceptible par les Françaises et les Français. C'est votre véritable but, et vous préparez le terrain avec détermination. Mais le fossé entre le système actuel et le système par points reste inacceptable pour nos concitoyens – et tant mieux, car nous obtiendrons sans aucun doute le retrait de la réforme.