J'en viens au débat sur les horizons de prévision à cinq ans et quarante ans. Votre raisonnement me laisse assez songeuse. Sous prétexte que l'on ne peut pas prévoir ce qui va se passer dans quarante ans et qu'il y a des imprévus, il ne faudrait pas faire de veille, surveiller, piloter ? Au contraire, c'est parce qu'il y a des imprévus, qu'il est très important d'essayer de définir les tendances lourdes et ce qui est de l'ordre de l'imprévu ! Il serait irresponsable de ne pas le faire puisque le système de retraite nous engage pour les générations futures et pour nos enfants. Il faut évidemment avoir une veille à quarante ans ; je trouve même surréaliste que l'on puisse le contester.
Quant à la mutualisation des risques entre toutes les professions, elle nous aide à garantir la retraite de nos enfants. Une profession, un secteur d'activité peuvent être affectés par des imprévus, en matière de démographie ou de cotisations. N'importe quel gestionnaire de risques vous le dira : on se garantit beaucoup mieux en mettant tous les risques dans un même panier qu'en les divisant.
La division actuelle, profession par profession, fragilise la retraite. Dans l'exemple des agriculteurs, donné par Mme la rapporteure, nous voyons bien que l'évolution des choses peut finir par mettre en danger le régime. Le nouveau système sera plus solide car il permet de répartir les risques entre plusieurs professions. J'imagine que vous le savez tous et je comprends mal ce débat.