Le débat sur les retraites n'est pas technique : il oppose deux projets de société, le projet libéral que vous incarnez et le projet à dimension humaine que nous défendons. Parler des retraites sans avoir en tête la question du pouvoir d'achat des salaires, l'objectif de déprécarisation de l'emploi, l'impérieuse nécessité de réduire les inégalités entre hommes et femmes ni l'exigence de changer de matrice pour la transition écologique, c'est en parler de manière technocratique, avec pour seule visée le pilotage financier du système. On est donc bien là au coeur du réacteur de l'affrontement entre deux projets de société.
Pourquoi la droite et nous-mêmes nous rejoignons-nous dans la critique fondamentale de votre projet ? Nous pensons que l'on ne peut pas faire d'économies sur le dos des pensionnés ; la droite estime que votre objectif d'économies va se traduire par une aggravation du déficit, qui, au bout du compte, fera que les mesures d'ajustement prises au détriment des retraités seront encore plus draconiennes. Voilà pourquoi nos critiques respectives se conjuguent objectivement.
Réduire la démarche au seul pilotage budgétaire et financier ne fonctionne pas : cela aggrave les déficits. L'austérité amène l'austérité. On ne l'a d'ailleurs pas assez dit : en supprimant des emplois publics, en mettant en oeuvre la révision générale des politiques publiques dans l'ensemble des fonctions publiques, on a creusé le déficit public s'agissant notamment du système de retraite. Voilà la démonstration que l'austérité nourrit l'austérité et nuit à la prise en compte des prestations destinées aux pensionnés.
C'est la raison pour laquelle nous continuons de nous opposer avec force à votre projet. Nous ne voulons pas faire durer les débats par plaisir, pour la bonne raison que, nous en sommes convaincus, la réforme est pliée. Elle est pliée ! Vous allez vous prendre une claque aux élections municipales et la rue va reprendre le dessus sur le pouvoir technocratique que vous incarnez.