Il ressort toutefois de nos travaux que cette approche est moins bien acceptée par les ONG que par les autres acteurs du continuum. De façon générale, la tendance est certes à la recherche d'une meilleure articulation entre les acteurs de l'aide humanitaire d'urgence et ceux de l'aide au développement, suivant le concept appelé « nexus urgence-développement », dont la logique est très comparable à celle du continuum. Mais dans la pratique, nous avons pu constater que nombre d'humanitaires sont très réticents à coopérer sur le terrain avec les armées. Bien entendu, il est légitime qu'ils défendent la spécificité de leur mode d'action, qui repose sur le principe de la neutralité dans les conflits, condition pour pouvoir accéder à toutes les populations qui ont besoin d'aide. Cependant, beaucoup d'ONG voient avec une certaine méfiance l'idée même de continuum, dans laquelle elles soupçonnent un moyen de mettre l'aide humanitaire et l'aide au développement au service de la politique étrangère d'un État, en particulier en appui de ses opérations militaires, et non au service de leurs fins propres. Quoi que l'on pense de cette position, il faut en tenir compte.