Concrètement, en ce qui concerne la France, la logique du continuum a déjà inspiré un effort de décloisonnement entre les acteurs qui oeuvrent au Sahel. Les acteurs du continuum opéraient traditionnellement de façon assez cloisonnée. Il s'agit en premier lieu des armées, dont la mission première ne relève évidemment pas du développement, mais qui ne s'en désintéressent pas tout à fait non plus. En effet, les armées conduisent des actions de CIMIC qui ressemblent en quelque sorte à des petits programmes de développement. À titre d'exemple, lors de notre déplacement sur le terrain, nous sommes allés voir dans la région de Gao un marché couvert construit par les forces françaises pour relancer le commerce local, des maraîchages et un marché à bestiaux aménagés par la force Barkhane.
Cependant, les CIMIC n'ont pas pour objet de soutenir une stratégie de développement. Elles visent uniquement à ce que la présence de nos troupes soit mieux acceptée par les populations locales. De façon cohérente avec leurs objectifs, ces actions sont bien plus modestes et plus ponctuelles que les programmes de l'AFD. Il suffit pour s'en convaincre d'observer leur budget : environ 750 000 euros par an pour l'opération Barkhane, alors que l'AFD consacre 100 millions d'euros par an ne serait-ce qu'au Mali.
Les armées ont également une activité de coopération qui concourt au renforcement des forces locales, et ce n'est pas à négliger. La coopération militaire revêt d'ailleurs deux aspects : d'une part, la coopération opérationnelle, principalement conduite par nos forces pré-positionnées, et d'autre part la coopération dite structurelle, qui se traduit notamment par des formations dispensées en France et en Afrique et par l'entretien d'un réseau de coopérants. Pour la coopération opérationnelle, les armées dépendent du ministère des Armées ; pour la coopération structurelle, elles dépendent des Affaires étrangères, en particulier de la direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD).