L'AFD est un acteur majeur. Elle a l'originalité d'être à la fois un établissement public placé sous la tutelle de l'État et une société de financement soumise à la réglementation bancaire. Par un choix politique délibéré, c'est entre les mains de l'AFD qu'a été concentrée la plus grande partie de l'effort de l'État en matière d'aide publique au développement. C'est en Afrique que se concentrent 50 % des engagements financiers du groupe AFD, et cette concentration devrait logiquement s'accentuer si les orientations stratégiques fixées en 2018 sont suivies.
Les différents acteurs du développement ont longtemps travaillé en silos, et c'est avec la stratégie pour le Sahel, adoptée en Conseil de défense en décembre 2017, qu'un mouvement de décloisonnement a été mis en oeuvre. L'enjeu est que les opérations de chaque acteur soient cohérentes avec celles des autres, c'est-à-dire qu'elles poursuivent le même but et soient aussi synchronisées que possible. Schématiquement, il faut que, sur le terrain, les actions de stabilisation et de développement prennent rapidement le relais des opérations militaires, voire qu'elles soient mises en oeuvre de façon concomitante à l'action militaire, tout hiatus étant de nature à être exploité par l'ennemi. Pour cela, il faut que les acteurs concernés partagent la même analyse de la situation et qu'ils planifient leurs opérations en tenant compte de celles des autres, ce qui suppose de nouer des liens de confiance et d'échanger des informations à tous niveaux, à Paris, mais aussi sur le terrain.
En résumé, les différents acteurs doivent avoir une stratégie partagée. Pour structurer cette démarche, une comitologie a été mise en place au niveau stratégique. L'ambassadeur coordinateur pour le Sahel, appelé « envoyé spécial pour le Sahel », y tient un rôle central. Il anime plusieurs task forces interministérielles. En outre, l'AFD et l'état-major des armées ont conclu un accord formalisant les échanges d'informations.