Le second maillon de la chaîne qui mériterait selon nous un effort particulier a trait à l'investissement économique privé. En effet, pour faire simple, on pourrait dire qu'une bonne partie de la guerre est gagnée quand l'entreprise s'installe. Pour nous, l'investissement privé peut et doit concourir à la stabilisation d'une zone de crise, en complément de l'aide au développement, voire en offrant des effets de levier utiles pour des investissements publics. Or, aujourd'hui, les entreprises françaises ont tendance à se désengager des zones prioritaires pour l'aide au développement, et particulièrement en Afrique. Cette tendance s'explique par un climat des affaires qui est très dégradé dans certains pays, ainsi que par le jeu des règles prudentielles qui encadrent l'action des institutions financières.
Ne couvrons pas d'un voile pudique une réalité que tout le monde connaît : dans de nombreux pays, la corruption est un fléau qui rend nos entreprises réticentes à investir, car elles ne veulent pas s'exposer à des risques juridiques. Nous observons aussi que le canal de l'investissement privé est très peu utilisé par les acteurs de l'aide au développement, alors même que c'est la volonté affichée des autorités françaises et que l'AFD possède une filiale spécialisée dans ce type d'investissement : la société de promotion et de participation pour la coopération économique (PROPARCO). Mais comme cela a été révélé par la Cour des comptes, la PROPARCO reste trop à l'écart des acteurs du continuum entre sécurité et développement. Pour nous, sa gestion pourrait être plus dynamique et sa tutelle devrait mieux s'assurer que sa stratégie s'intègre bien dans notre politique étrangère, et particulièrement dans les zones de crise.