Intervention de Manuéla Kéclard-Mondésir

Réunion du mardi 18 février 2020 à 17h35
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaManuéla Kéclard-Mondésir, rapporteure :

Une coordination plus étroite est certainement un gage d'efficacité de nos investissements dans le continuum entre sécurité et développement, mais avant tout, il faut investir. Nous avons la conviction en particulier que le contexte actuel est propice à une concentration de nos efforts dans le domaine de la sécurité intérieure et de la justice. Lorsque l'on parle d'aide au développement, au sens large, on a souvent tendance à user et abuser de la référence au « Plan Marshall ». Je dis « abuser » parce qu'il y a déjà eu un certain nombre de « Plans Marshall » pour l'Afrique. Cette référence est un peu grandiloquente, mais elle traduit assez bien l'idée que nous voulons exprimer.

Nous sommes en effet convaincus que le succès de notre stratégie au Sahel gagnerait à une phase de concentration des efforts pendant une période de quelques années, par exemple trois ou cinq ans, sur l'investissement en matière de sécurité intérieure et de justice. Pourquoi ? Tout simplement parce que c'est là une condition de réussite de nos investissements dans d'autres domaines. Nous ne disons pas qu'il faut attendre le retour à un parfait état de paix pour commencer à financer par exemple l'agropastoralisme, mais force est de considérer que sans un minimum d'ordre public et d'état de droit, tout projet de développement est coûteux, sa mise en oeuvre compliquée et son résultat aléatoire. Il faut pouvoir soutenir, immédiatement en aval des opérations militaires dans une zone, le déploiement de forces de sécurité intérieure et d'un appareil judiciaire, pour éviter qu'une fois les militaires partis, l'ennemi ne reprenne le contrôle du terrain. Pour cela, nous pensons que les crédits de l'aide publique au développement ont tout leur sens. Après tout, la grande feuille de route internationale en la matière, c'est l'Agenda 2030 ; or, parmi les objectifs de développement durable qui le composent, l'objectif numéro 16 a trait à la paix et à la sécurité. En ce sens, les réticences traditionnelles de certains acteurs de développement à investir dans l'appareil de sécurité nous paraissent aujourd'hui assez anachroniques.

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