J'étais la semaine dernière à Bamako, notamment avec une délégation du MEDEF. Une trentaine d'entreprises étaient présentes et ont étudié les possibilités d'investissement au Mali. L'un des points qui m'a beaucoup frappé est la reconnaissance des Maliens vis-à-vis des entreprises françaises. Les Maliens disent qu'au plus fort de la crise, il y a des entreprises qui sont restées, et que ce sont les entreprises françaises. Ce sont ces entreprises qui vont permettre, on l'espère, d'améliorer la situation sur place.
Dans votre intervention – d'ailleurs d'une grande qualité que je salue – vous avez mis en lumière les limites de l'action militaire en tant que telle. Au mieux, c'est un levier qui permet d'avoir d'en mettre en oeuvre d'autres en vue de la résolution d'une crise, en restaurant les conditions de sécurité nécessaires à l'engagement d'acteurs civils.
Vous avez souligné l'intérêt mais également les limites de l'aide au développement, puisque dans des zones sans État ‒ ou, à tout le moins, dans lesquels l'État est faible ou mal géré ‒, lorsque les fonctionnaires ont des comportements de prédation et les forces armées régulières des comportements violents, tout au plus la communauté internationale peut-elle faire de l'humanitaire, c'est-à-dire apporter aux populations une aide d'urgence ; difficile de mettre en oeuvre de véritables chantiers de développement. Et même lorsque nous le faisons, dans des États faibles ou en faillite, nous courrons le risque que notre action soit contre-productive. En Afghanistan, par exemple, les sommes massivement investies sur place ont plutôt eu tendance à faire croire à la population locale que la démocratie allait de pair avec la corruption. C'est pour cela que j'ai beaucoup apprécié votre conclusion, à savoir que nos victoires tactiques doivent permettre d'ouvrir des espaces politiques pour convaincre les dirigeants locaux de prendre les mesures nécessaires à l'assainissement de la gouvernance de leurs pays, à commencer par la lutte contre la corruption.
Des choses très simples peuvent être envisagées à ce titre. J'ai un chiffre en tête : dans certains pays, entre le coût de la solde d'un militaire décaissé par l'État et ce qu'il perçoit effectivement, l'évaporation atteint 30 à 40 %. Une solution toute simple pour enrayer ce phénomène pourrait consister à promouvoir la bancarisation des soldes des militaires, ce qui pourrait par ailleurs contribuer à leur motivation.
À la lumière de votre rapport, quelle est votre appréciation du sommet de Pau ? Plus globalement, je suis étonné que vous n'ayez pas parlé du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), qui est chargé du secrétariat des Conseils de défense et a une compétence interministérielle. Quel pourrait être le rôle du SGDSN dans l'élaboration et le suivi d'une doctrine pour l'action interministérielle de l'État dans les zones d'OPEX ? Enfin, pour coordonner les politiques civiles, notamment à l'échelle interministérielle, ne pensez-vous pas que nous devrions nommer un haut représentant civil ?