Intervention de Marc Le Fur

Réunion du mercredi 12 février 2020 à 11h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Le Fur :

En tant que rapporteur spécial des crédits de l'aide publique au développement, j'ai rencontré les responsables de la Banque centrale de l'Ouest africain. Je souhaiterais vous faire part de certains sentiments très explicitement exprimés à cette occasion.

Historiquement, ces responsables constatent l'intérêt majeur du franc CFA dans leur développement économique, que ce soit pour la stabilité, la convertibilité ou la réalisation de cette zone de libre-échange de l'Ouest africain. La preuve en est qu'aucun pays ne l'a quittée. La Guinée-Bissau, qui n'était pas historiquement associée à la France, l'a également rejointe. Ces économies sont en croissance, alors même que la guerre est à leurs portes. La croissance est spectaculaire en Côte d'Ivoire, comme au Sénégal. Ces pays ont aussi échappé à la crise de 2008, à la différence des pays européens. C'est tout à fait significatif. Ajoutons, avec une certaine ironie, que leur taux d'endettement est proportionnellement inférieur aux nôtres.

Concernant la nouvelle monnaie, ils ne sont pas pressés. Ils souhaitent que la stabilité l'emporte sur l'évolution, qu'ils ne veulent pas précipiter.

Ils condamnent les critiques d'un certain nombre d'organes de presse, financés par l'argent public français, qui se déploient dans ces pays au nom d'une logique anticolonialiste. Ils critiquent aussi le retrait des banques françaises d'Afrique. Ce retrait, qui n'est pas total, laisse la place à des banques marocaines ou turques.

Ils expriment aussi une certaine inquiétude concernant la situation à venir avec le Nigéria.

Enfin, il existe encore des traces de contrôle des changes. Elles sont assez limitées, mais elles peuvent pénaliser l'investissement étranger dans ces pays, dans la mesure où le retour d'argent doit être documenté. Quelles sont les perspectives d'évolution ? Du point de vue de nos entreprises, comme de celui du développement de ces pays, nous avons intérêt à faire disparaître ces traces, afin que l'investisseur sache qu'il peut rapatrier facilement des capitaux ou des résultats.

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