À la lumière de ce drame, nous redécouvrons combien la santé est un bien commun et combien elle suppose des services publics forts et dans la plénitude de leurs capacités. Nos soignants feront face, ils feront bloc – mais il faut les écouter, les aider, lever toute entrave, suspendre les opérations de suppression et de réduction en cours pour permettre à l'hôpital de s'organiser ; il faut apporter à celui-ci de la trésorerie, afin notamment d'acheter du matériel. Les éloges doivent, autant que possible, se traduire par des actes : un protocole particulier pour le suivi des soignants ; quand cela est possible, un plan ambitieux d'embauche de personnel, notamment d'agents de service afin d'assurer le plus haut niveau d'hygiène possible. Ne serait-il pas temps de sortir de la politique de compression de personnel et de dégager de réelles marges de manoeuvre au moyen d'un projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale ?
D'autre part, la distribution au compte-gouttes ne rassure pas. Sans attenter à la maîtrise des stocks, ne faudrait-il pas répondre davantage aux demandes de matériel, de gants stériles et non stériles, de masques en faisant confiance aux soignants, en ville comme à l'hôpital, pour que ce matériel soit utilisé de manière adaptée aux nécessités et aux consignes ? Pourriez-vous clarifier votre politique d'approvisionnement ? S'agissant des respirateurs, ne serait-il pas envisageable de mobiliser certaines industries qui auraient la capacité de s'adapter pour en produire ?
Troisième question : il existe aujourd'hui plusieurs outils et savoir-faire susceptibles d'être organisés au sein d'un pôle au service d'une politique publique du médicament. Par exemple, dans la région lyonnaise, un laboratoire se trouve aujourd'hui sans repreneur. Comptez-vous les mobiliser, voire les réquisitionner pour produire les médicaments dont nous avons besoin ? Quel contrôle exercez-vous sur les prix afin de lutter contre d'éventuels profiteurs de la crise ? Qu'en est-il, par exemple, de la marge sur les tests relatifs au Covid-19 ? Enfin, et même si une réorientation profonde de la politique en la matière serait nécessaire, avez-vous d'ores et déjà pris des dispositions en vue de répondre aux besoins des chercheurs ?