Avant d'aborder ce projet de loi de finances rectificative, je tenais à remercier du fond du coeur le personnel soignant de notre pays, mobilisé vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour prendre en charge de nombreux patients et sauver des vies.
Qui aurait pu imaginer qu'après les manifestations des gilets jaunes, après les contestations concernant la réforme des retraites, une crise sanitaire majeure bouleverserait les fondations de l'économie mondiale ? Cette crise sanitaire a atteint un tel niveau qu'elle se mue progressivement en crise économique.
Bien que sa gravité rappelle celle de 2008, cette crise est par nature très différente, car elle frappe en premier lieu l'économie réelle, contaminant ensuite le système financier. Dans ce contexte inédit, presque apocalyptique, l'urgence est à la réaction sanitaire, mais également économique, d'où ce projet de loi de finances rectificative, qui prévoit des mesures majeures pour soutenir les entreprises.
Premièrement, il introduit un dispositif de garantie de l'État, à hauteur de 300 milliards, visant à maintenir l'accès au crédit des entreprises, pour les accompagner face au choc qu'elles subissent. L'enjeu est de taille : sauvegarder le plus grand nombre d'entre elles, pour préserver les capacités de rebond de toute l'économie française.
Deuxièmement, le plan d'urgence face à la crise sanitaire prévu par le Gouvernement sera doté de 6,2 milliards. Il vise, d'une part, à soulager les entreprises grâce à la prise en charge par l'État de l'indemnisation des salaires des travailleurs au chômage partiel, à hauteur de 70 % du revenu brut, dans la limite d'un plafond de 4,5 SMIC ; d'autre part, 750 millions de crédits seront destinés à soutenir l'économie, en apportant une aide financière aux très petites entreprises, aux travailleurs indépendants et commerçants qui connaissent une situation critique, en raison de la forte baisse, voire de l'absence totale d'activité.
La stratégie du Gouvernement vise donc à stabiliser notre économie afin, ensuite, de lancer une phase de stimulation, grâce à un plan de relance d'envergure.
Cette crise majeure doit nous rappeler à quel point il est important, en période faste, de réduire l'endettement de l'État, pour bénéficier de marges de manoeuvre en pareilles circonstances.
Si la maîtrise des dépenses publiques et la réduction de la dette sont deux des priorités du groupe UDI, Agir et indépendants, l'urgence de la situation exige d'y faire une entorse aujourd'hui, tout en restant vigilants pour l'avenir.
Le plan du Gouvernement, s'il est fort, ne tiendra pas ses promesses s'il n'est pas accompagné par un véritable plan de bataille européen, car c'est l'Europe toute entière qui est contaminée.
Il est donc indispensable que des mesures concertées et coordonnées soient prises à l'échelon européen, afin de déployer une capacité de résilience démultipliée pour relancer un mécanisme économique quasiment à l'arrêt pour une durée encore indéterminée.
Nous saluons d'ores et déjà l'annonce faite par la Banque centrale européenne du rachat de titres de dettes des États, pour un montant de 750 milliards.
À crise exceptionnelle, réponse exceptionnelle. Le Gouvernement en a parfaitement conscience, et les mesures proposées sont à la hauteur de l'enjeu. Cependant, il est absolument essentiel que les dispositifs adoptés soient clairs, souples, et faciles d'accès, tant pour les entreprises que pour les salariés. Le rôle pédagogique du Gouvernement est primordial, pour qu'ils portent tous leurs effets, dans une période où la désorganisation peut malheureusement se faire sentir.
Certes, nous savons qu'il sera difficile de légiférer à la vitesse du virus, et il est presque certain que nous devrons prendre d'ici quelques semaines de nouvelles mesures de soutien à notre économie. Pour cette raison, nous pourrions envisager d'augmenter d'ores et déjà les moyens alloués, afin d'éviter de légiférer à nouveau si la situation s'aggravait. C'est le sens de certains de nos amendements.
Il est de notre responsabilité d'apporter une réponse immédiate à cette crise sanitaire et économique. Ce PLFR en est l'illustration. C'est pourquoi le groupe UDI, Agir et indépendants votera sans réserve en faveur de ce texte, afin de donner des moyens immédiats au Gouvernement pour protéger la Nation et son avenir.