Une information nous arrive du Sénat : le Premier ministre, suivant l'avis du conseil scientifique, devrait annoncer que les conseils municipaux ne pourront se réunir vendredi ni samedi pour des raisons de santé publique. Dans le même temps, on laisse aux employeurs le soin d'ouvrir ou non leur entreprise. Vous comprendrez qu'il y a là une forme d'incohérence qui suscite beaucoup d'interrogations. Je comprends ce que dit le ministre, qu'il faut favoriser partout le dialogue social afin de trouver les meilleures solutions ; mais nous sommes, et nous allons en parler demain, dans une situation d'urgence sanitaire, où une grave épidémie conduit à un confinement qui doit être le plus strict possible. On ne peut renvoyer aux entreprises la décision de poursuivre ou non leur activité.
Monsieur le ministre, vous citez l'exemple des couvreurs. Vous avez raison, à un détail près : ces couvreurs travaillent à une distance suffisante l'un de l'autre pour éviter la transmission du virus, mais ils travaillent, donc ils se déplacent pour travailler ! Ils vont à la station-service, ils prennent le métro ; ils font partie de ceux qui ont des contacts avec d'autres personnes. Or ce sont ces contacts qu'il faut limiter, et c'est la raison pour laquelle les secteurs non essentiels à la vie économique du pays doivent aujourd'hui être mis à l'arrêt, en vue d'un confinement plus strict. Pourquoi, à Valenciennes, Alstom va-t-il continuer, à partir de lundi, à produire des rames de RER ? Les salariés sont fous de rage ; ils ne comprennent pas et ne peuvent faire valoir leur droit de retrait. Ils seront plusieurs centaines à aller au travail. Même s'ils respectent une distance de sécurité, ils devront sortir de chez eux, prendre leur voiture, déjeuner, avoir une vie sociale. Il faut montrer beaucoup plus de rigueur dans ce domaine si nous voulons endiguer l'épidémie.