Je souhaite avant toute chose adresser mes pensées à nos compatriotes qui, touchés par le Covid-19, luttent chaque jour face à la maladie. Mes pensées vont également à leurs proches, qui les accompagnent comme ils le peuvent dans cette période de confinement. Je veux redire ici toute notre reconnaissance et exprimer tous nos remerciements aux personnels soignants dont l'abnégation force l'admiration. J'exprime également ma reconnaissance aux forces de l'ordre qui sont mobilisées pour faire respecter le confinement total et les gestes barrières élémentaires, ainsi qu'à tous nos concitoyens qui poursuivent des missions sans lesquelles la bonne marche du pays ne serait plus assurée.
La situation que nous connaissons est inédite à bien des égards et le temps joue contre nous. Aussi, pour enrayer la progression du virus, il convient de prendre les mesures qui s'imposent pour, d'abord, le combattre, protéger nos compatriotes et limiter, autant que possible, le désastre économique qui guette. Dans cette perspective, le recours aux ordonnances apparaît comme le moyen d'action le plus efficace et le plus adapté. Le champ des ordonnances est large car il s'agit de ne pas bloquer le Gouvernement dans un contexte sans précédent, mais uniquement de cadrer ses moyens d'action. C'est cet équilibre entre exigence d'action publique et cadrage législatif que notre assemblée se doit de garantir. À cette fin, elle délègue à l'exécutif les moyens permettant de gérer l'état d'urgence sanitaire. J'en viens donc aux mesures proposées, lesquelles s'articulent autour de trois axes qui correspondent aux trois aspects de la crise : le volet sanitaire, le volet économique et le volet démocratique.
Le premier volet est le plus important pour nous – je vous remercie, madame la présidente de la commission des lois, madame la rapporteure, d'avoir permis son examen en début de séance – parce que, d'une part, il pose les fondements de l'état d'urgence sanitaire, un cadre sécurisant d'un point de vue institutionnel et démocratique puisqu'il reprend ceux de l'état d'urgence de droit commun mis en place après les attentats de 2015 – étant entendu que nous serons amenés à débattre de la durée de cet état d'urgence – et que, d'autre part, il donne une existence légale au comité des scientifiques, comité qui jouera un rôle déterminant en ce qu'il éclairera la prise de décision du Gouvernement et permettra ainsi de prendre les mesures les plus adaptées, ses avis nous étant précieux pour alimenter nos travaux ultérieurs sur la gestion de cette crise.
Le volet économique emporte, lui aussi, tout notre soutien : je pense notamment aux 45 milliards d'euros d'aides directes ou indirectes aux entreprises et à leurs salariés via un report de charges indispensable pour assurer la pérennité du tissu économique. Quant au report prévu du paiement des factures d'eau, de gaz et d'électricité, ainsi que des loyers pour les plus petites entreprises, il était lui aussi nécessaire. De même, j'ai noté la création d'un fonds de solidarité pour aider ces entreprises, les indépendants et les micro-entreprises, ou encore la simplification du recours à l'activité partielle. Enfin, nous approuvons bien entendu les mesures destinées aux personnes âgées, aux personnes en situation de handicap ou de pauvreté, lesquelles pourront ainsi continuer à percevoir leurs prestations sociales.
Toutes ces mesures d'urgence sont une réponse à court terme adaptée à la situation à laquelle nous faisons face. Mais elles doivent s'inscrire dans le cadre d'une politique de long terme qui implique, comme l'a dit le Président de la République, de réfléchir à l'avenir de notre modèle économique, qui n'a pas su valoriser les compétences locales. Notre pays dispose d'atouts exceptionnels divers ; il est à espérer que cette crise permette de remettre à plat notre modèle économique ainsi que l'utilisation de nos talents afin que ceux-ci puissent être valorisés.
Je ne m'étendrai pas sur les dispositions électorales : si elles sont assurément importantes pour la continuité de notre vie démocratique, elles peuvent paraître dérisoires au regard des situations vécues par nos concitoyens. Nous aurons l'occasion d'en débattre. Il n'appartient pas à notre groupe de précipiter les choses alors que les campagnes sont suspendues et la date du second tour pas encore fixée.
Chers collègues, ces projets de loi doivent nous permettre de relever le défi que nous impose la pandémie, nous permettre d'agir maintenant pour assurer nos lendemains, nous permettre de faire preuve de solidarité et de fraternité. Nous n'avons jamais été si séparés et en même temps si dépendants les uns des autres. Cette crise doit nous rappeler une chose : nous sommes tous et toutes responsables.